Le sort du compte joint en cas de décès d’un cotitulaire

 

 

Lorsqu’un cotitulaire d’un compte joint décède, la gestion du compte devient un sujet central pour les personnes concernées, qu’il s’agisse du cotitulaire survivant, des héritiers, ou de la banque. La question principale est de savoir ce que devient le compte, notamment au regard des fonds qu’il contient et des éventuelles dettes.

En règle générale, la convention de compte signée entre les cotitulaires et la banque prévoit ce qu’il advient du compte après le décès d’un cotitulaire. Ce document juridique est crucial car il régit la gestion du compte dans cette situation spécifique.

Que prévoit la convention de compte après un décès ?

En principe, les conventions bancaires relatives aux comptes joints stipulent deux dispositions principales :

  1. Le compte joint en cas de décès reste ouvert, sauf si les héritiers du cotitulaire décédé décident de s’y opposer.
  2. Le compte continue à être celui du ou des cotitulaires survivants. Si un seul cotitulaire survit, le compte devient automatiquement un compte bancaire individuel.

Ces dispositions permettent de maintenir une certaine continuité dans la gestion du compte, évitant ainsi la fermeture immédiate et imprévue du compte. Cependant, la situation peut varier selon la convention de compte et les souhaits des héritiers, d’où l’importance d’une bonne compréhension des termes de cette convention.

La question cruciale du solde au moment du décès

Bien que le compte puisse rester ouvert, une autre question de taille concerne le solde du compte au moment du décès du cotitulaire. En effet, il est essentiel de connaître le montant exact sur le compte à cette date, car la moitié de ce solde sera intégrée à l’actif successoral.

Voici les règles principales concernant le solde :

  • Solde positif : Si le compte est en solde positif au jour du décès, la part appartenant au défunt doit être calculée pour être intégrée à la succession. Par défaut, la moitié du solde est attribuée à l’actif successoral, mais il peut y avoir des exceptions si une convention ou des arrangements spécifiques étaient en place entre les cotitulaires.
  • Solde négatif : Si le compte est en solde négatif, la situation est plus délicate. La banque peut demander au cotitulaire survivant de rembourser la totalité des dettes, même si ces dernières sont liées à des opérations effectuées par le cotitulaire décédé. Il est donc important que les cotitulaires aient conscience de cette responsabilité potentielle en cas de découvert bancaire.

Les droits et obligations du cotitulaire survivant

Après le décès de l’un des cotitulaires, le cotitulaire survivant devient automatiquement le gestionnaire principal du compte, ou le titulaire unique si aucune opposition n’est formulée par les héritiers. En l’absence de clause particulière dans la convention bancaire, il peut continuer à utiliser le compte dans les mêmes conditions qu’avant le décès.

Toutefois, cette continuation s’accompagne de certaines responsabilités, notamment si le solde du compte est négatif. En cas de dette sur le compte, la banque est en droit d’exiger que le cotitulaire survivant rembourse la totalité des sommes dues, même si ces dettes ont été contractées par le défunt. Le cotitulaire survivant doit donc s’assurer de vérifier le solde du compte et de régulariser toute situation de dette dans les meilleurs délais.

Le rôle des héritiers dans la gestion du compte

Les héritiers du cotitulaire décédé ont aussi un rôle à jouer dans la gestion du compte. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, faire opposition au maintien du compte. Cette démarche a pour objectif de préserver la part du défunt dans l’actif successoral. En effet, les héritiers peuvent demander le blocage du compte afin de garantir que la moitié du solde au jour du décès soit attribuée à la succession.

Si une opposition est formulée, le compte peut être bloqué par la banque, ce qui suspend temporairement toutes les opérations, jusqu’à ce que la part du défunt soit évaluée et répartie entre les héritiers. Cette procédure permet d’éviter toute manipulation abusive des fonds après le décès et de garantir que les intérêts des héritiers soient respectés.

Le partage du solde et la succession

Comme mentionné, en cas de solde positif, la part du défunt doit être déterminée et intégrée à l’actif successoral. Le plus souvent, la moitié du solde est attribuée à la succession, même si cette règle peut varier selon les dispositions de la convention de compte ou des accords spécifiques entre les cotitulaires.

Le notaire en charge de la succession évalue cette part et la répartit entre les héritiers en fonction des règles de succession légale ou des volontés exprimées dans un testament, si celui-ci existe. Il est donc essentiel pour les héritiers de bien connaître la situation financière du compte et de s’assurer que leur part soit bien prise en compte dans le cadre de la succession, car la moitié du solde bancaire est compris dans la succession, et est donc en indivision entre les héritiers.

Les démarches à suivre après un décès

En cas de décès d’un cotitulaire, certaines démarches doivent être entreprises rapidement pour assurer une gestion correcte du compte et éviter les complications. Voici les principales étapes à suivre :

  1. Informer la banque : La banque doit être avertie dès que possible du décès du cotitulaire. Il est conseillé de fournir un acte de décès afin que la banque puisse mettre à jour les informations liées au compte.
  2. Vérifier la convention de compte : Chaque compte joint est régi par une convention spécifique. Il est donc important de lire attentivement ce document pour comprendre les implications du décès sur la gestion du compte.
  3. Consulter un notaire : Pour éviter toute confusion dans le partage des fonds, il est recommandé de consulter un notaire. Ce dernier s’assurera que la part du défunt dans le compte soit bien intégrée à la succession.
  4. Vérifier le solde du compte : Le solde au jour du décès est crucial, car c’est sur cette base que sera calculée la part du défunt. Il est important de savoir si le compte est en positif ou en négatif pour anticiper les éventuelles dettes ou les droits des héritiers.
  5. Gérer les oppositions : Si les héritiers souhaitent bloquer le compte pour préserver leur part, ils doivent informer la banque et déposer une demande d’opposition.

Quid du compte individuel ? Blocage du compte bancaire individuel après décès

En principe, lorsque la banque est informée du décès du titulaire, le compte bancaire individuel est bloqué. Cela signifie que :

  • Aucune opération, qu’il s’agisse de virements, de paiements, ou de retraits, ne peut être effectuée sur le compte à partir du moment où le décès est signalé.
  • Tous les moyens de paiement associés au compte, tels que les cartes bancaires et les chèques, sont automatiquement désactivés.

Le blocage est une mesure de sécurité qui vise à protéger les fonds du défunt et à garantir que ceux-ci soient correctement pris en compte dans la succession.

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Conclusion : une gestion encadrée mais flexible

En conclusion, la gestion d’un compte joint en cas de décès d’un cotitulaire est encadrée par la convention de compte, qui prévoit généralement le maintien du compte ouvert pour le cotitulaire survivant. Toutefois, il est essentiel de connaître le solde du compte au moment du décès, car la moitié du solde sera intégrée à la succession. Le cotitulaire survivant devra également assumer la responsabilité de tout solde négatif.

Les héritiers ont la possibilité de faire opposition et de demander le blocage du compte pour garantir la préservation de la part du défunt. Chaque situation étant unique, il est conseillé de bien s’informer sur les termes de la convention bancaire et de consulter un notaire pour une gestion optimale.

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